Lettre ouverte

Déficit démocratique dans le programme d’allègement budgétaire : des mesures impactant la jeunesse exclues de la consultation

Chère Madame la Présidente de la Confédération Keller-Sutter,  
Mesdames et Messieurs

C’est avec une profonde inquiétude que nous prenons connaissance des mesures d’économie prévues dans le cadre du programme d’allègement budgétaire 2027. Ces mesures comprennent notamment la réduction des subventions pour les activités extrascolaires, la diminution des aides à la promotion du sport et la coupe dans le soutien à la mobilité internationale des jeunes. En septembre dernier, nous avons lancé une pétition contre les coupes prévues, qui a déjà été signée par plus de 15’000 personnes. Ce soutien important montre l’appui de la population à notre cause. Ces économies auront un impact significatif sur le travail des organisations de jeunesse, mettant en péril des offres essentielles pour les jeunes en Suisse. Pourtant, elles ne figurent pas dans la mise en consultation officielle, privant ainsi les acteur*ices concerné*es de leur possibilité de s’exprimer sur des décisions de première importance dans un cadre structuré et officiel. En effet, en ce qui nous concerne le plus directement, seules l’augmentation des frais d’études, la réduction du soutien à la formation et à la recherche ainsi que la diminution de l’aide indirecte à la presse font partie du processus de consultation, laissant les autres mesures entièrement aux mains du Parlement.

Nous dénonçons cette absence de transparence et ce déficit démocratique. Sur les 59 mesures du programme, 23 ne sont pas soumises à consultation, laissant ainsi au seul Parlement la responsabilité de statuer sur leur mise en œuvre, sans que les acteur*ices directement concerné*es puissent s’exprimer. Cette exclusion du débat public est inacceptable. En empêchant la société civile de prendre position et de proposer des alternatives, ces décisions réduisent la participation démocratique à un simulacre de consultation, dans lequel des mesures aux conséquences majeures pour la jeunesse échappent à toute discussion ouverte et transparente. Les organisations de jeunesse, essentielles pour l’éducation, l’intégration et la participation citoyenne des jeunes générations, sont ainsi privées de leur capacité à défendre les intérêts des jeunes qu’elles accompagnent. Un tel processus ne saurait être toléré dans une démocratie qui se veut participative et soucieuse de son avenir.

Les organisations de jeunesse jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement des jeunes générations, en leur offrant des espaces d’apprentissage, de participation et d’engagement citoyen. Réduire leur soutien financier signifie restreindre l’accès des jeunes à des opportunités qui renforcent leur intégration sociale, leur santé mentale et leur engagement au sein de la société. Cela va à l’encontre des principes mêmes d’une politique jeunesse cohérente et compromet les efforts de longue date pour favoriser une société inclusive et participative.

Nous appelons donc le Conseil fédéral à garantir que ces mesures, qui concernent directement la jeunesse et ses structures d’accompagnement, soient traitées dans le cadre d’un processus transparent et démocratique. Elles ne peuvent être reléguées à de simples ajustements budgétaires ; elles engagent une vision de la société qui affectera durablement la jeunesse et son avenir. Il est inadmissible qu’elles soient imposées sans débat démocratique ni consultation des premiers concernés.

Les organisations de jeunesse en Suisse s’opposent à ce démantèlement des soutiens qui leur sont destinés, réalisé sans légitimité démocratique. Nous demandons que ces mesures soient réexaminées et qu’un débat ouvert et équitable permette enfin d’intégrer les voix des organisations qui œuvrent chaque jour pour et avec la jeunesse en Suisse.